Enjeux écologiques : Les défis psychologiques.
L’inquiétude profonde face aux changements environnementaux est de plus en plus présente dans les métiers liés au design. Cette éco-anxiété, souvent accompagnée d’un sentiment d’impuissance, impacte indéniablement le processus créatif et la capacité à prendre des décisions importantes.
D’un autre côté, le phénomène d’engourdissement environnemental se fait également ressentir. Souvent dû à une surexposition aux informations traitant de l’urgence climatique, il pousse à l’apparition d’une fatigue générale et à l’émergence d’une apathie certaine des populations.
Les enjeux de durabilité et de responsabilité écologique deviennent donc difficiles à élucider et amènent de réels défis psychologiques. C’est aux professionnels du design de se montrer conscients face à ces problématiques. Il faut créer des expériences qui inspirent l’action et des solutions visuelles positives pouvant contribuer à inspirer des comportements durables.
Pour agir au mieux, il est important d’adapter le discours afin qu’il reflète exactement les besoins spécifiques des communautés interpellées. Veiller à ne pas tomber dans ce fameux « complexe du sauveur occidental », abordé par Julia Watson, permettra une compréhension universelle du sujet. Son livre, Lo-TEK Design by Radical Indigenism, explique d’ailleurs comment s’inspirer de certaines cultures autochtones pour apprendre à concevoir et conceptualiser en utilisant la nature et ses avantages tout en la respectant.
L’émancipation créative pour un avenir meilleur.
Le design éthique va au-delà de la simple considération des aspects environnementaux et englobe également des préoccupations sociales, culturelles et économiques. L’éco-design prend en compte ces questionnements dès la phase de conception d’un produit ou d’un service. Il vise à minimiser l’impact écologique tout au long du cycle de vie d’un produit. Il s’émancipe complètement des principes de base que nous connaissions alors.
Le premier fondement de l’éco-design est la conception pour la durabilité. Elle inclut la sélection de matériaux recyclables, la réduction des déchets, et l’utilisation de processus de fabrication respectueux de l’environnement.
La libération du design s’articule autour de l’idée que le design peut être un acteur puissant du changement positif. Elle encourage les designers à repenser les normes établies, à innover et à explorer des approches non conventionnelles pour résoudre des problèmes complexes. Dans le contexte de l’éco-design et de l’éthique, la libération du design implique de remettre en question les schémas de pensée traditionnels, de favoriser la collaboration interdisciplinaire, et d’adopter des approches agiles pour répondre rapidement aux besoins émergents de la société.
Du côté des agences de communication, on veille à tendre vers des campagnes éco-conçues, éco-produites et dotées d’un bilan carbone pour les clients qui le souhaitent. On se base également sur le principe du « nudge marketing » en influençant les esprits grâce aux biais cognitifs : Un bon moyen de promouvoir une communication écologique de façon intelligente.
Mais, concevoir de façon éthique, ce n’est pas chose facile. Alors, pour en savoir plus à ce sujet, l’ADEME a publié Le guide de la communication responsable.
Éco-design : Concevoir en harmonie avec la nature.
Prendre en main sa communication pour la rendre durable, c’est aussi veiller à son intemporalité. On transforme le « existe depuis 25 ans » en « fondé en 1999 », on évite les designs trop saisonniers et on supprime au maximum les informations qui pourraient rapidement rendre vos supports obsolètes.
Il faut soigner les identités et les adapter aux questions environnementales. Le choix du logo, des teintes, des typographies, est primordial pour cocher toutes les conditions de l’écobranding, bien introduites par Sylvain Boyer. Par sa vision moderne du graphisme, il nous offre de nombreuses clés et solutions pour atteindre cet idéal.
Il détermine notamment les bonnes pratiques pour composer une charte en phase avec les enjeux écologiques. « Less is more » : On opte pour le minimalisme, on réduit les aplats, on affine les traits et épure les lignes, et on prend le temps de choisir la typographie. L’objectif est de réduire les espaces pleins dans toutes les composantes de l’identité : logo, slogan, pictogrammes, etc.
De ces conditions naissent aussi de nouvelles notions, propres à ces objectifs modernes. On parle notamment d’éco-couleur. Pour qu’une nuance soit dite éco-responsable, elle doit d’abord être créée grâce à l’utilisation de la quadrichromie et, pour savoir si elle entre dans ces règles, on se base sur un principe très simple : l’addition des pourcentages de chaque teinte (Cyan, Magenta, Jaune et Noir) ne doit pas dépasser les 100%.
Des institutions importantes commencent à adopter ces nouveaux principes. Si l’identité des JO 2024 de Paris a tendance à diviser les opinions (lire notre article à ce sujet), on ne peut, en revanche, pas nier son rôle de pionnière dans cette nouvelle ère de conscience écologique. Citeo s’était également imposé en limitant son impact environnemental avec sa charte éthique. Il semblerait que les normes soient posées : À nous de relever le défi !
Côté print, ça se passe comment ?
On privilégie des papiers éco labellisés qui vont permettre un impact environnemental réduit sur l’intégralité du cycle de vie du produit.
On adopte des encres dites « végétales » qui limitent leur toxicité et utilisent principalement des pigments biodégradables.
On opte pour une reliure faite à base de colle recyclable et on évite les spirales et les agrafes !
Si on veut pousser plus loin, on peut même utiliser des écofonts. Elles contiennent des trous circulaires qui ne nuisent pas à leur lecture mais qui permettent d’économiser jusqu’à 20% d’encre par page lors de l’impression.
Et sur le web ?
On choisit un hébergement web écologique ou qui s’appuie sur des serveurs alimentés par des énergies vertes et renouvelables.
On développe avec un langage plus économe et on minimise le code source.
On adapte l’ergonomie et le graphisme en chassant le superflu et on utilise des contenus légers.
On limite les fonctionnalités pour revenir à l’essentiel : C’est le seul moyen de concevoir un site moins énergivore !
Toute la sphère de la communication visuelle commence à prendre part à ces engagements numériques. On réfléchit l’UI de façon écoresponsable en diminuant le poids des interfaces sur les serveurs et en limitant la consommation d’énergie et de bande passante. « Black is the new green » et le Dark mode devient notre meilleur ami sur le web.
Des labels de qualité écologique sont mis en place comme le Green Code Lab, le label de Greenspector, le label Numérique Responsable, le label écologique Wattimpact ou de la Green Web Foundation, et certifient la bonne intégration des mesures environnementales dans le développement des sites. Ces vérifications passent par différents points : un audit complet des sites, une réelle démarche RSE, une estimation de l’impact énergétique et une traçabilité des énergies renouvelables, un hébergement vert, etc. Tout est passé au peigne fin : Il est temps de penser à notre planète !