L’AI Generative, c’est quoi exactement ?
L’AI Generative utilise un modèle d’apprentissage non supervisé, automatique et profond, c’est-à-dire qu’elle se nourrit de données déjà existantes, apprend de leur structure et est capable de créer, à partir de ces informations, du contenu unique, inédit et diversifié.
Plus précisément, elle repose notamment sur des réseaux antagonistes génératifs (GAN) qui sont dotés d’un modèle discriminatif permettant l’analyse de la véracité des échantillons. Les deux réseaux « s’affrontent » dans un processus concurrentiel combinant la recherche de quantité et de qualité des informations.
Et, comme vous avez dû le voir, on observe son utilisation dans de nombreux domaines. Allant de la création visuelle à la génération de contenu rédactionnel, on se demande si l’AI Generative n’est finalement pas devenue la meilleure amie de l’homme.
Mais, c’était sans compter sur les préoccupations éthiques qui émergent à son sujet. Si elle s’inspire d’informations existantes, elle peut donc reproduire des biais bien présents dans ces données d’entrainement. Les questions et les doutes sont multiples : L’utilisation de ces technologies se doit d’être responsable.
Ses avantages dans le milieu de la création.
Le principal plus de l’AI, c’est qu’elle possède une une capacité indéniable à analyser des quantités massives d’informations diverses. Elle fait, à elle seule, tout le travail de brainstorming que les équipes créatives prennent le temps de faire à plusieurs, et permet d’identifier rapidement les tendances en place, populaires et innovantes.
La conception générative nous offre une approche holistique qui permet d’obtenir des designs de haute performance et complètement personnalisables.
Il est évident que l’arrivée des AI Generative va complètement révolutionner le processus créatif. Si on la voit comme un outil, elle peut très facilement ouvrir le champ des possibles et permettre aux concepteurs d’accéder à un large éventail de productions adaptées à leurs demandes exactes et leurs exigences spécifiques. Et, puisque l’intelligence artificielle se charge de tous les aspects techniques, elle laisse la place aux esprits créatifs, qui peuvent concentrer toute leur énergie sur les tâches inventives et atteindre ainsi des résultats plus imaginatifs et plus audacieux.
L’AI comme remplaçante de l’esprit créatif humain ?
Créer, c’est « faire naître » et, à ce jeu, l’intelligence artificielle est très douée. Mais, par ce terme, on entend souvent la création de quelque chose de nouveau, d’inexistant et surtout, quelque chose de pertinent pour le regard de l’Homme, sa culture et son expression. Ici encore, l’AI réussit le test puisqu’elle a été spécialement réfléchie et programmée pour nous apparaître cohérente.
Malgré tout, nous restons attachés à un sentiment différent, une touche 100% humaine, impossible à décrypter ou à expliciter complètement, qui découle d’une vie unique, sans expérience vécue par procuration, d’une vie qui ne connait pas tout du monde mais qui a construit le sien.
Ainsi, face à la notion d’AI Generative se place la notion de transe générative, introduite par Stephen Gilligan. Il distingue parfaitement l’expérience courante du monde de l’esprit conscient, défini par le temps linéaire, la logique et maintenu par les règles des croyances et des obligations, de l’immersion dans l’inconscient créatif, libérée des contraintes et des pensées analytiques et conditionnées.
Une transe peut être positive ou négative, dépendant alors de la qualité de la relation humaine (l’état dans lequel se trouve la personne) et de la conscience qui s’y connecte (qui va définir les schémas cognitifs et comportementaux). Pour qu’elle soit qualifiée de « générative », elle doit être le résultat de la conversation, et non de la confrontation, des esprits inconscient (visionnaire), générant les possibilités, et conscient (gestionnaire), capable de les concrétiser. Ce « voyage » permet la création de réalités nouvelles, et positives, d’éléments qui n’ont jamais existé dans la vie de la personne, et nous différencie aisément des systèmes algorithmiques.
Évoluer avec l’arrivée de ces nouvelles technologies.
La crainte que l’AI Generative remplace les compétences humaines en terme de conception se dissipent peu à peu. Ses croyances ont été démystifiées lorsque que les créatifs ont compris qu’elle n’était qu’un outil intelligent et pratique. Ces technologies vont servir le futur de nos métiers, et les nouvelles générations de designers se doivent de connaître et comprendre au mieux les possibilités qu’elles offrent, mais aussi les implications éthiques qu’elles engendrent dans la culture et sur la société.
Certains établissements, comme le College of Art de la Carnegie Mellon University, ont déjà mis en place des solutions pour intégrer l’apprentissage automatique dans leur programme : codage et design jouent maintenant dans la même cour. Le Frank-Ratchye STUDIO for Creative Inquiry, lieu d’incubation et de rencontre entre les arts, la science, la technologie et la culture, permet aux étudiants d’explorer de nouveaux modes de recherche et de production interdisciplinaires. Ces programmes hybrides, à mi-chemin entre les beaux-arts et l’informatique, sont probablement le futur de l’enseignement supérieur dans le monde de la communication visuelle.
« Nous pensons qu’il est important pour les artistes, les designers et d’autres personnes issues du milieu créatif, de prendre place et de comprendre ce que les systèmes d’AI peuvent faire, quels risques ils comportent, et d’avoir la volonté d’exprimer les possibilités qu’ils offrent et de prédire l’avenir en commençant à les utiliser dès maintenant. » Golan Levin, professeur d’art et directeur du Frank-Ratchye STUDIO for Creative Inquiry.
Il semblerait donc que nos écoles et universités soient maintenant contraintes d’entamer des démarches pour faire de ces notions une partie cruciale des programmes liés aux notions de graphisme, même si certains réfractaires maintiennent leur apathie face à l’émergence de ces nouveaux outils.
Dans la pratique : Des rendus originaux et uniques.
On a parfois la douce impression que l’intelligence artificielle est très récente et qu’on ne l’utilisait pas auparavant. La vérité est qu’elle est intégrée à nos logiciels depuis déjà bien longtemps. Remplissage automatique, détourage assisté, réglage de la luminosité… Ces outils pratiques permettent une utilisation subtile des services de l’AI, mais que se passe-t-il lorsqu’elle prend part au processus de réflexion et de création d’un projet ?
Barney McCann s’est posé cette question et a entamé une exploration des capacités de l’AI dans la réflexion de nouvelles formes typographiques. Parti d’une Arial classique, l’algorithme a appris à étudier les lignes, les courbes, la grille de construction et tout ce qui compose les caractères. Ensuite, il s’est mis à trouver les moyens les plus simples pour passer d’une lettre à une autre : du A au B, du B au C, etc. Cette « transition », produite sans cesse par les ordinateurs au moment de la saisie de texte, mais invisible à nos yeux, pourrait très bien être vue comme l’écriture informatique : elle n’est pas fixe, ni linéaire, elle évolue à travers une réflexion.
Par cette expérience, on observe un peu la génétique typographique. Chaque glyphe laisse ses traces dans le suivant et ainsi de suite. En bref, c’est une police qui se modifie à l’infini, un peu comme une typographie variable mais, ici, les altérations sont volontairement laissées visibles. L’alphabet qui résulte de cet exercice est sauvage, brut, semble avoir été mâché et déchiré par un ordinateur. Un processus désordonné que McCann nommera, de façon légèrement sarcastique, Obsolète, faisant ainsi humblement référence à l’intérêt qu’ont les créatifs de se tenir bien informés des dernières avancées technologiques, au risque de se retrouver complètement dépassés par les outils qui apparaissent sur le marché.